Cette modernisation s'accompagne d'une taxe de séjour de 3 euros par nuit, mesure qui peut surprendre dans un contexte de concurrence féroce entre destinations tropicales. Pourtant, cette contribution témoigne d'une évolution salutaire : plutôt que de subir les effets du surtourisme comme Venise ou Santorin, Maurice fait le choix de l'anticipation.
La logique est simple : faire contribuer les visiteurs au financement de la préservation des sites qu'ils viennent admirer. Les études montrent que les touristes acceptent généralement ce type de supplément modéré lorsqu'ils en comprennent la finalité. C'est même perçu comme un gage de sérieux.
L'approche mauricienne concilie ainsi compétitivité immédiate et durabilité à long terme. Elle pourrait inspirer d'autres destinations insulaires confrontées aux mêmes dilemmes entre développement économique et protection environnementale.
Maurice tente une synthèse audacieuse entre compétitivité immédiate et durabilité à long terme. Un équilibre que cherchent, sans toujours le trouver, la plupart des destinations tropicales prises entre l'urgence économique et l'impératif écologique. L'île pourrait bien faire école dans l'océan Indien, voire au-delà.
Mais attention aux mirages. Le diable se cache dans l'exécution. Ces e-Gates ne vaudront que par la formation des équipes qui les accompagnent. Cette taxe de séjour ne sera légitime que si sa destination reste transparente et ses effets mesurables. Plus profondément, ces réformes s'inscrivent dans un contexte d'incertitudes majeures : réchauffement climatique, évolution des pratiques de voyage post-Covid, tensions géopolitiques qui redessinent les flux touristiques.
Maurice fait le pari de l'innovation responsable. Un pari risqué, car il suppose d'éduquer sa clientèle, de justifier ses choix, de prouver que modernité rime avec durabilité. Un pari nécessaire aussi, dans un secteur en pleine mutation où les destinations les plus visionnaires survivront aux bouleversements en cours.
L'heure de vérité sonnera dans les chiffres : taux de satisfaction des visiteurs, efficacité des nouveaux dispositifs, impact réel de la taxe sur la préservation des sites. En attendant, Maurice trace une voie qui mérite l'attention. Celle d'un tourisme qui assume ses responsabilités au lieu de les fuir.
Jean-Joseph PERMAL