Dans les eaux cristallines du sud-est de l'île Maurice, un combat silencieux se livre pour la préservation d'écosystèmes uniques au monde. Les équipes de la Fondation mauricienne pour la faune sauvage (Mauritian Wildlife Foundation, MWF) multiplient les missions de surveillance sur les îlots d'Île aux Aigrettes, Île de la Passe, Îlot Mariannes et Île au Phare, véritables sanctuaires de la biodiversité insulaire.
Une biodiversité endémique sous haute protection
Ces îlots abritent une faune et une flore endémiques d'une richesse exceptionnelle : geckos, scinques, oiseaux rares et plantes indigènes cohabitent dans un équilibre précaire. Chaque sortie de monitoring permet aux scientifiques d'évaluer l'état de conservation de ces réserves sensibles et de mesurer l'impact des visiteurs sur ces environnements fragiles.
La méthode de surveillance repose sur un protocole rigoureux : photographies prises depuis des points d'observation fixes, recherche de traces de feux de camp, détection d'espèces invasives. "Ces comparaisons visuelles nous offrent des indices précieux sur l'utilisation des îlots et nous permettent d'identifier d'éventuels dommages", explique l'équipe de la MWF.
Des intrusions préoccupantes malgré l'interdiction
Lors de la dernière mission, menée en collaboration avec le Service forestier et le Fonds du patrimoine national, les résultats se sont avérés contrastés. Si l'Île de la Passe ne présente que les signes naturels de dégradation de ses bâtiments historiques, désormais dangereux d'accès, la situation sur l'Îlot Mariannes suscite l'inquiétude.
Malgré son statut de réserve naturelle fermée au public, des traces manifestes d'activité humaine ont été découvertes. Les équipes ont notamment trouvé des vestiges de feu de camp au cœur de l'îlot, suggérant que des visiteurs clandestins ont délibérément choisi un emplacement dissimulé pour échapper aux patrouilles maritimes.
Un programme éducatif au long cours
Face à ces défis, le programme éducatif des îlots du sud-est déploie ses actions de sensibilisation auprès des skippers, pêcheurs, propriétaires d'embarcations privées, opérateurs touristiques et forces de l'ordre. Lancé en 2017 avec le soutien de l'Union européenne via la Commission de l'océan Indien, ce projet a bénéficié depuis 2019 du financement de la Fondation nationale RSE et du groupe MCB.
Cette extension financière a permis d'élargir le programme aux îlots du nord, où des exercices de monitoring similaires sont menés tous les quatre mois sur Flat Island et Gabriel Island. Une approche globale qui témoigne de la prise de conscience croissante de l'urgence à protéger ces joyaux de biodiversité.
L'enjeu dépasse le simple cadre mauricien : ces îlots constituent des laboratoires naturels uniques pour comprendre l'évolution des écosystèmes insulaires face aux pressions humaines et climatiques. Leur préservation s'inscrit dans une démarche de conservation internationale, Maurice assumant ainsi son rôle de gardien de la biodiversité de l'océan Indien occidental.