Voici le discours de présentation de Stéphan Gua, membre de Resistans ek Alternativ, à cette occasion : « Le dimanche 2 février 2025 restera gravé comme une date historique allant dans le sens de la réappropriation de notre histoire commune. Oui, l'esclavage fait partie de l'histoire riche et pénible qui est à la base de la création de la société mauricienne. Mais aujourd'hui, dans le cadre du 190e anniversaire de la proclamation de l'abolition de l'esclavage, ce que nous faisons à Vieux Grand-Port, c'est reconnaître et rendre hommage aux combattants de la liberté.
À travers leurs noms : Anna van Bengal, Esperance van Bengal, Anthoni van Malabar et Aron van Ambon – nous reconnaissons tous ceux qui se sont révoltés et rebellés contre leur condition d'esclaves.
Non, les esclaves n'étaient pas passifs, c'étaient des femmes et des hommes qui, comme tous les humains, avaient soif de liberté. D'ailleurs, dans les récits qui nous sont parvenus, nous réalisons que les colons craignaient ces combattants de la liberté, que nous appelons marrons.
Non, les personnes réduites en esclavage n'étaient pas passives. L'histoire de la révolte du 18 juin 1695 démontre qu'ils n'acceptaient pas leur condition comme une fatalité. C'est pourquoi ils ont organisé, planifié et exécuté un plan pour brûler le fort hollandais.
Nous devons reconnaître un élément fondamental dans la révolte menée par Anna de Bengal et ses camarades ; quand la classe opprimée, subissant la domination, décide de se mettre en mouvement, elle change le cours de l'histoire.
Toutes proportions gardées, la révolution à Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti) en 1791 – menée par des esclaves – a changé le cours de l'histoire.
Les Hollandais n'ont pas quitté Maurice uniquement à cause des rats, des cyclones ou des maladies. Ils sont partis aussi parce que les personnes qu'ils avaient réduites en esclavage se révoltaient et rendaient leur vie amère.
On peut faire beaucoup de parallèles qui démontrent que quand un peuple est en mouvement, il redéfinit le cours de l'histoire. C'est le peuple en mouvement qui, dans la tragédie du Wakashio, a fait la différence.
C'est le peuple en mouvement qui, le 10 novembre 2024, a débarrassé notre pays du régime mafieux de Sun Trust.
L'histoire est le plus grand professeur et nous devons remercier tous les universitaires, historiens, chercheurs (dont certains sont parmi nous aujourd'hui) qui ont de tout temps fouillé dans notre passé commun pour nous éclairer. Ce sont ces éclairages qui façonnent et construisent notre humanité et notre identité commune et indivisible.
Qui nous rendent plus forts et plus conscients de ce que nous sommes.
Et l'histoire devra reconnaître que depuis 2014, la demande d'une reconnaissance officielle de l'acte de révolte d'Anna de Bengal et de ses camarades par l'État mauricien a été faite par Résistance et Alternative et ses alliés syndicaux : General Workers Federation, Joint Negotiating Panel de l'Industrie Sucrière, Syndicats des Pêcheurs et Centre for Alternative Research and Studies.
Et cette demande qui fait partie de l'accord entre Résistance et Alternative avec les partenaires de l'alliance Changement se matérialise aujourd'hui.
Cela arrive parce que nous avons aujourd'hui des personnes à la tête du Ministère des Arts et de la Culture, en l'occurrence le Ministre de tutelle Hon. Mahen Gondeea et la Ministre Junior Hon. Véronique Leu-Govind qui ont compris l'enjeu historique de cette reconnaissance que nous célébrons aujourd'hui.
Pour cela, le peuple mauricien leur dit un grand merci ! »