C'est dans l'écrin tropical du Beachcomber Trou aux Biches , classé parmi les plus beaux hôtels cinq étoiles de l'océan Indien, que s'est déroulée cette première cérémonie d'intronisation. Un événement qui consacre l'émergence d'une véritable culture œnologique sur cette île de l'océan Indien, longtemps dominée par la tradition rhumière.
Claude Dupin, Grand Connétable chargé de la coordination des représentations d'Outre-Mer et de l'étranger, a conduit cette cérémonie en l'absence de Benjamin Bryden, Connétable délégué de la zone Australe. C'est Josie Florestant, Prévost de l'Île de la Réunion, qui a assuré le déplacement pour représenter la confrérie dans cette nation sœur.
Une reconnaissance officielle
La cérémonie s'est tenue sous la présidence d'honneur de Jean Sydney Pierre, ministre du Tourisme, et de Quentin Biehler, Conseiller de Coopération et d'Action Culturelle, Directeur de l'Institut Français de Maurice (IFM), représentant l'ambassadeur de France. Cette présence institutionnelle souligne l'importance accordée à cet événement dans les relations culturelles franco-mauriciennes.
Parmi les nouveaux intronisés figurent dix professionnels de la restauration et du vin, ainsi que des formateurs. Dany Giraud, grand épicurien et œnophile reconnu, intronisé à l'Île de la Réunion en novembre 2004, a été promu au grade d'Officier. Vikram Sundhoo, sommelier et grand pipetier, élu meilleur sommelier de l'Île Maurice en 2012, a été élevé au grade de Grand Pipetier.


Une gastronomie créole sublimée
Le repas gastronomique qui a suivi les intronisations a particulièrement impressionné les convives. Sous la houlette de Julien Laugier, Chef Sommelier des huit hôtels du groupe Beachcomber – nouvellement adoubé « Maître Échanson » et nommé ambassadeur et garde du sceau du Conseil pour l'Île Maurice – les vins français, sud-africains et australiens ont magistralement accompagné une cuisine fusion audacieuse.
L'originalité du dîner résidait notamment dans la dégustation d'un foie gras de canard mauricien accompagné d'un vin blanc demi-sec de litchi, le « Takamaka », produit unique au monde élaboré manuellement à l'Île Maurice. Ce breuvage à 12 degrés d'alcool, fruit d'une fermentation maîtrisée enrichie de levures, témoigne de l'inventivité œnologique locale.
Un vignoble mauricien en gestation
Au-delà de la célébration, Claude Dupin a révélé un projet d'envergure : la création d'un vignoble expérimental de 15 hectares à Bel-Ombre, dans le sud-ouest de l'île. Développé par le groupe ER et sa filiale AGRIA, en partenariat avec le Domaine de Montille de Bourgogne, ce projet devrait voir le jour en 2026.
Plus significatif encore, un accord de principe a été conclu avec Christophe Durand, vigneron français installé depuis plus de quinze ans en Afrique du Sud, pour représenter la confrérie et organiser un chapitre Échanson dans la région viticole sud-africaine.
« Être Échanson, c'est aussi cultiver un certain art de vivre », a rappelé le Grand Connétable dans son allocution, citant François Rabelais pour qui « boire du vin, c'est emplir l'âme de toute vérité, du tout savoir, et de toute philosophie ». Une philosophie qui trouve un écho particulier dans cette île où la douceur de vivre n'a d'égale que l'hospitalité de ses habitants.
Le Conseil des Échansons de France, qui défend « l'Art de la Vigne, l'Art du Vin, l'Art de la Table », affirme ainsi sa dimension internationale tout en préservant son caractère apolitique et fraternel – une confrérie où la gastronomie et les vins constituent l'élément fédérateur d'une culture commune, par-delà les diversités.