Les statistiques publiées vendredi 10 octobre par Statistics Mauritius constituent une indéniable satisfaction pour le gouvernement mauricien. Avec 1 008 098 touristes accueillis entre janvier et septembre 2025, l'archipel enregistre une progression de 3,7 % par rapport à la même période de l'année précédente. Le seul mois de septembre a vu débarquer 102 453 visiteurs, soit une hausse de 2 % sur un mois.
« C'est un résultat extraordinaire », s'est félicité le ministre du Tourisme Richard Duval. « Certains m'ont critiqué et ne m'ont pas laissé le temps. Aujourd'hui, les chiffres parlent d'eux-mêmes », a-t-il déclaré, répondant ainsi aux détracteurs qui avaient mis en doute sa gestion du secteur.

Un rebond après la pandémie
Cette performance, qui capitalise sur des gains mensuels ininterrompus durant la basse saison d'avril à septembre, a conduit Statistics Mauritius à réviser à la hausse ses prévisions annuelles. L'organisme table désormais sur 1,425 million de touristes pour 2025, contre une estimation de 1,4 million formulée en juin. À l'Assemblée nationale, le Premier ministre Navin Ramgoolam a souligné que Maurice dépasserait ainsi, pour la première fois, les niveaux d'avant la crise sanitaire.
Le ministère du Tourisme affiche un optimisme mesuré pour la haute saison : « La hausse des arrivées touristiques au cours des deux précédents trimestres démontre la résilience et l'attrait de Maurice en tant que destination haut de gamme. » L'objectif affiché est ambitieux : un chiffre d'affaires de 100 milliards de roupies mauriciennes.
Une diversification géographique porteuse
Si l'Europe demeure le premier marché émetteur avec 627 783 visiteurs, dont 226 180 Français, le ministère observe avec une certaine inquiétude le « léger recul des marchés traditionnels français et allemand », symptôme de « la réalité économique européenne ».
Toutefois, d'autres marchés compensent largement ce tassement. L'Inde s'impose comme le nouveau moteur de croissance, avec une progression spectaculaire de 45 %. Les marchés britannique, réunionnais, sud-africain, suisse et italien affichent également des performances encourageantes. Pour pallier le déficit de touristes allemands, traditionnellement amateurs de croisières, l'arrivée prochaine du paquebot AIDAblu devrait apporter un « ballon d'oxygène ».
Renforcement de la connectivité aérienne
Richard Duval entend capitaliser sur cette dynamique en renforçant la connectivité aérienne de l'île. « J'ai souligné auprès du Premier ministre la nécessité d'ouvrir davantage notre ciel. Nous devons renforcer nos liens avec le Qatar, l'Asie, la Chine, et je négocie également avec les États-Unis », a-t-il indiqué. Le ministre n'hésite pas à afficher ses ambitions : « 2026 sera une année encore plus record. »
Les principaux groupes hôteliers du pays confirment ces perspectives favorables. New Mauritius Hotels, leader du secteur, déclare avoir « démarré l'année financière 2025-26 sur de bons rails », tandis que Sun Limited fait état d'« une dynamique positive, soutenue par une hausse de 9,3 % des arrivées touristiques sur les deux premiers mois ».
Sur le plan financier, les recettes touristiques pour les mois de janvier à août ont progressé de 8 %, passant de 58,5 à 63 milliards de roupies, selon la Banque de Maurice. Cette amélioration s'explique notamment par l'appréciation de l'euro vis-à-vis de la roupie mauricienne. L'île devrait ainsi clôturer l'année 2025 avec des revenus supérieurs aux 93,6 milliards de roupies estimés pour 2024.
Le ministre a par ailleurs défendu la taxe de séjour de trois euros par touriste et par nuit, récemment introduite dans les établissements touristiques. « On ne peut continuer à laisser l'érosion de nos plages progresser. Cette taxe est une contribution pour l'écotourisme et le développement durable du secteur », a-t-il justifié.
Cette performance s'inscrit dans un contexte de concurrence accrue au sein de l'océan Indien. Face à cette compétition, Maurice doit continuer à affirmer ses atouts distinctifs pour maintenir son attractivité. Le ministre évoque notamment la nécessité de s'appuyer sur la qualité de l'offre touristique et sur la diversité des expériences proposées aux visiteurs.
L'analyse comparative des performances montre que Maurice parvient à maintenir sa position sur un marché touristique régional en pleine recomposition. Les hausses significatives enregistrées sur plusieurs marchés sources témoignent d'une image positive de la destination et d'une capacité à attirer une clientèle internationale diversifiée.
La progression vers l'objectif de 1,427 million de visiteurs en 2026 nécessitera une mobilisation continue de l'ensemble des acteurs du secteur touristique mauricien et le maintien d'une stratégie marketing efficace sur les principaux marchés émetteurs.