C'est sous un soleil tropical que s'est officiellement ouverte vendredi la campagne de nettoyage et d'embellissement du village de Bambous, marquant une nouvelle étape dans l'engagement environnemental mauricien. Cette initiative de trois jours, qui s’est déroulé jusqu'à samedi, illustre la volonté des autorités locales de transformer la sensibilisation écologique en action concrète.
L'événement, orchestré conjointement par le Conseil de district de Rivière Noire et le Conseil de village de Bambous, a rassemblé un aréopage de personnalités politiques menées par le ministre de l'Environnement, de la Gestion des déchets solides et du Changement climatique, M. Rajesh Anand Bhagwan. Aux côtés des députés Balkrishna Babajee et Shridhur Jugurnauth, ainsi que des présidents des conseils locaux, MM. Kemraz Ortoo et Mme Jenita Bye Bapoo, il a donné le ton d'une mobilisation qui se veut exemplaire.
Une stratégie gouvernementale ambitieuse
Dans son discours aux résidents, le ministre Bhagwan a réaffirmé l'engagement gouvernemental en faveur d'un "Maurice plus propre, plus vert et écologiquement durable". Cette rhétorique, désormais familière dans les allocutions officielles, s'accompagne cette fois de mesures concrètes qui témoignent d'une approche systémique de la question environnementale.
La pièce maîtresse de cette stratégie réside dans l'implémentation d'une économie circulaire, concept économique qui vise à optimiser l'utilisation des ressources en réduisant les déchets. Le gouvernement mauricien mise notamment sur une stratégie de ségrégation des déchets particulièrement ambitieuse : la distribution de trois poubelles aux codes couleur distincts à chaque foyer, accompagnée d'une logistique dédiée pour la collecte séparée des déchets.
Cette approche, inspirée des meilleures pratiques européennes, marque une rupture avec les habitudes locales et nécessitera un important effort pédagogique auprès de la population. L'enjeu est considérable pour cette île de 1,3 million d'habitants où la gestion des déchets constitue un défi majeur.
Des sanctions renforcées
L'arsenal législatif se renforce également. Le Budget 2025-2026 prévoit l'introduction d'amendes plus sévères contre les nuisances sonores, témoignant d'une volonté de sanctuariser l'environnement sous tous ses aspects. Cette mesure répond aux préoccupations croissantes des Mauriciens face à la pollution acoustique, particulièrement prégnante dans les zones touristiques.
Parallèlement, les autorités intensifient leurs efforts de protection côtière, enjeu vital pour cette nation insulaire confrontée à l'érosion marine. Les opérations en cours à Trou aux Biches, Albion et Flic-en-Flac illustrent cette préoccupation, tout comme les récentes interventions de nettoyage sur l'Île-aux-Bénitiers, sanctuaire écologique abritant une biodiversité remarquable.
Le ministre a également salué les initiatives de préservation du village écologique de Chamarel, site emblématique de l'île connu pour ses terres aux sept couleurs et son écosystème préservé.
Une mobilisation communautaire
Au-delà des déclarations d'intention, la campagne de Bambous se distingue par sa dimension participative. Les activités organisées - plantation d'arbres, réalisation de fresques murales, spectacles culturels des écoles maternelles Le Bambino et Super Star - témoignent d'une volonté d'ancrer l'engagement environnemental dans le tissu social local.
Cette approche bottom-up, complément indispensable aux politiques gouvernementales, vise à transformer chaque citoyen en acteur de la transition écologique. La remise de trophées aux parties prenantes symbolise cette reconnaissance du rôle de chacun dans la préservation de l'environnement.
L'initiative de Bambous s'inscrit dans un contexte plus large où Maurice, confrontée aux défis du changement climatique et à la pression démographique, cherche à concilier développement économique et préservation environnementale. Pour cette nation qui a fait du tourisme l'un de ses piliers économiques, l'enjeu environnemental revêt une dimension stratégique particulière.
Reste à voir si cette mobilisation ponctuelle saura s'inscrire dans la durée et inspirer d'autres communautés à travers l'archipel. Le succès de telles initiatives dépendra largement de la capacité des autorités à maintenir l'élan citoyen au-delà des effets d'annonce.