Le pionnier et leader de l'hôtellerie mauricienne fait preuve de résilience. New Mauritius Hotels Ltd (NMH), qui opère sous la marque Beachcomber, a publié hier des résultats en demi-teinte pour son troisième trimestre de l'exercice fiscal 2025, clos au 31 mars. Le groupe réalise un chiffre d'affaires de 4,2 milliards de roupies mauriciennes (environ 84 millions d'euros) et un EBITDA de 1,3 milliard de roupies (26 millions d'euros), pour un bénéfice après impôt atteignant 539 millions de roupies (10,8 millions d'euros).
Ces chiffres, bien que satisfaisants dans l'absolu, marquent toutefois un fléchissement par rapport à la même période l'an dernier. La performance du groupe a été pénalisée par un triple choc : le recul de 4% des arrivées touristiques à Maurice, un taux de change moins favorable face à l'euro, et surtout une augmentation substantielle de sa masse salariale.
Des facteurs conjoncturels en cause
"NMH a réalisé un moins bon troisième trimestre que l'année précédente", reconnaît sans détour Stéphane Poupinel de Valencé, CEO du Groupe. Le dirigeant explique ce contretemps par "un repli du taux d'occupation de nos hôtels à Maurice et au Maroc", principalement dû au calendrier des vacances pascales, qui tombent cette année en avril et non en mars comme précédemment. Mais le tableau n'est pas entièrement sombre : "La performance de nos hôtels durant le mois d'avril est très encourageante, laissant entrevoir de bons résultats pour le dernier trimestre", ajoute-t-il.
Cette volatilité saisonnière masque une tendance de fond plus positive. Sur l'ensemble des neuf premiers mois de l'exercice, NMH enregistre un chiffre d'affaires en progression de 9%, à 12,9 milliards de roupies (258 millions d'euros). L'EBITDA recule légèrement à 3,9 milliards de roupies (78 millions d'euros), tandis que les profits après impôts s'établissent à 1,6 milliard de roupies (32 millions d'euros).
L'inflation salariale pèse sur les marges
Le principal défi auquel fait face le groupe est clairement identifié : l'inflation des coûts salariaux. Le groupe a dû composer avec une augmentation d'environ 15% de sa masse salariale, incluant notamment le paiement obligatoire d'un quatorzième mois aux employés percevant jusqu'à 50.000 roupies mensuelles (environ 1.000 euros).
Cette pression sur les coûts, conjuguée à l'introduction d'une nouvelle taxe environnementale (Corporate Climate Responsibility Levy de 2%), explique largement le tassement de la rentabilité opérationnelle, malgré la bonne dynamique commerciale.
Stratégie de désendettement poursuivie
Point positif : les efforts de refinancement et de réduction de la dette portent leurs fruits, avec une baisse significative des charges d'intérêts. Cette stratégie financière prudente, entamée après la période Covid, permet au groupe d'absorber une partie du choc inflationniste et fiscal.
Le groupe, qui a récemment renforcé ses investissements via sa filiale Beachcomber Hospitality Investments Ltd, propriétaire de plusieurs établissements dont le Canonnier Beachcomber et le Victoria Beachcomber, poursuit sa politique de consolidation patrimoniale tout en gardant un œil attentif sur ses ratios d'endettement.
Perspectives et dividendes préservés
Pour l'ensemble de l'exercice se clôturant au 30 juin 2025, la direction anticipe un chiffre d'affaires supérieur à 16 milliards de roupies (320 millions d'euros), mais prévoit un EBITDA et des profits après impôt "en léger recul" par rapport à l'exercice précédent.
Malgré ces perspectives en demi-teinte, le conseil d'administration a approuvé le versement d'un dividende final de 40 sous par action ordinaire, payable autour du 26 juin 2025, témoignant d'une confiance maintenue dans les fondamentaux du groupe.
NMH, qui exploite huit resorts à Maurice ainsi que des établissements aux Seychelles et au Maroc, a par ailleurs rejoint en février dernier l'indice de durabilité de la Bourse de Maurice (SEMSI), une reconnaissance de son engagement dans les pratiques environnementales et sociales.
La société, dont le cours de l'action s'établissait à 12,95 roupies mauriciennes au 9 mai dernier, poursuit sa stratégie articulée autour de quatre priorités : "le People-first, l'Expérience Clients, le Développement durable et l'Efficience Opérationnelle", dans un contexte qui demeure délicat pour le secteur hôtelier de luxe.