« Je me concentre sur l'amélioration de la rétention client, les retours positifs, le renforcement de notre offre et l'augmentation du chiffre d'affaires », résume-t-il, révélant cette capacité à transformer des objectifs stratégiques en résultats tangibles.
Sa force ? Une aptitude rare à développer les talents, à insuffler l'innovation et à créer cette alchimie qui transforme une équipe en communauté soudée. Au Sunshine Group Zanzibar, où il pilote actuellement deux établissements d'envergure, Mervin Appadu déploie une expertise forgée dans l'analyse stratégique, le leadership d'équipe et la gestion des pré-ouvertures. Son mantra professionnel – « Start with the WHY » – reflète cette quête de sens qui anime son action managériale et sa volonté d'inspirer ses collaborateurs en les connectant émotionnellement à leur métier.
Pourquoi avoir choisi le tourisme ?
J'ai découvert le tourisme par la musique. Après l'école, mon premier emploi fut celui de chanteur dans un hôtel. À travers la musique, j'ai appris à créer du lien, à transmettre de la joie et j'ai vu à quel point ce genre de moment peut rendre quelqu'un heureux. C'est là que j'ai compris que ma vocation était de faire vivre ces émotions au quotidien, d'apporter du bonheur aux autres. C'est ce qui m'a conduit vers l'hôtellerie.
En quoi consiste votre métier ?
Mon métier repose sur deux piliers : mes collaborateurs et mes clients. Je suis à l'écoute de mon équipe, je veille à ce qu'ils disposent de tous les moyens nécessaires pour réussir et s'épanouir. En parallèle, je reste attentif aux besoins des clients, j'anticipe leurs attentes, je cherche à les surprendre et à leur offrir une expérience mémorable. L'hôtellerie, c'est avant tout l'art du détail et du service authentique.
Quelle formation avez-vous suivie ?
J'ai eu la chance de me former directement sur le terrain, au contact de professionnels passionnés chez Constance et Beachcomber. Cet apprentissage par la pratique m'a permis de comprendre très tôt les exigences et les subtilités du métier. Par la suite, j'ai obtenu un Diploma in Management suivi d'un MBA et ai continué de me former, qu'il s'agisse des langues étrangères, de la sécurité et de la santé, ou plus largement en matière de leadership et de gestion d'équipe.
Quel a été votre parcours professionnel ?
J'ai débuté ma carrière en 1988 dans le service de comptabilité du Méridien Paradis et Brabant, avant de rejoindre Constance Hotels en tant que Chef de Réception, puis Responsable Commercial du golf. J'ai ensuite eu la chance d'intégrer le groupe Beachcomber, où j'ai passé treize belles années au Mauricia en tant que Commercial Manager puis Directeur d'Hébergement. Cette expérience a été particulièrement formatrice car elle m'a donné les armes pour une carrière internationale.
J'ai donc poursuivi mon parcours comme Directeur Général Adjoint du groupe Savoy cinq étoiles aux Seychelles, avant de revenir à Maurice et d'occuper le poste de Cluster Directeur Général au sein du groupe Attitude, en charge de deux hôtels.
Par la suite, j'ai pris la direction des Maldives comme Resort Manager de l'hôtel cinq étoiles Finolhu, ce qui constitue une étape marquante de mon parcours. Après la pandémie, j'ai participé à la réouverture de La Maison d'Été à Maurice en tant que Directeur Général, avant de prendre la direction du Golden Tulip aux Comores pour le groupe Louvre Hotels, avec pour mission principale de repositionner le produit.
Aujourd'hui, je poursuis mon aventure à Zanzibar, où je réalise l'un de mes rêves d'hôtelier, en tant que Group General Manager de Sunshine Group, en charge de trois établissements.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l'exercice de votre métier ?
Travailler à l'étranger apporte son lot de défis. Le premier, c'est souvent la barrière linguistique. Par curiosité, mais aussi par respect, je m'efforce toujours d'apprendre les bases de la langue locale afin de faciliter la communication avec les équipes et de réduire tout potentiel fossé.
Un autre défi majeur concerne la logistique des destinations dites « remotes » (qu'il s'agisse d'îles isolées ou d'atolls) : ce type d'environnement nécessite une organisation millimétrée ainsi qu'une capacité d'anticipation et de l'agilité face à l'imprévu.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui voudrait embrasser une carrière dans votre spécialité ?
L'hôtellerie est un univers fascinant car diversifié et plein d'opportunités allant de la restauration à l'hébergement, en passant par le commercial, l'administration, l'animation ou encore la maintenance. Mon conseil serait de ne pas avoir peur de commencer modestement, de tester différents services, et d'apprendre de chaque expérience. La passion, la curiosité et la persévérance sont les meilleurs atouts pour réussir et s'épanouir dans ce domaine.
Pourquoi avoir choisi de vous expatrier ?
Je souhaitais progresser dans ma carrière et élargir mes horizons. À l'époque, les opportunités d'évolution à Maurice étaient limitées, et j'ai vu en l'expatriation une opportunité d'apprendre davantage sur le métier d'hôtelier et de me challenger, notamment en me confrontant à d'autres réalités professionnelles. Au final, ce choix m'a permis de grandir à la fois humainement et professionnellement

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Est-il facile de vivre et de travailler à l'étranger ?
Comment s'est passée votre adaptation à un nouvel environnement culturel et au style comportemental du pays d'accueil ?
Je pense que l'intégration est un choix. En tant qu'expatrié, je prends le temps d'écouter, d'observer et de poser des questions pour comprendre la culture, les habitudes sociétales ou encore la façon de travailler. Il faut le faire avec patience, sincérité et faire preuve d'humilité.
En cherchant à m'intégrer plutôt que d'imposer une façon de faire, cela me permet non seulement de créer une relation de confiance et de respect mutuel avec les équipes, mais aussi de penser à la stratégie d'entreprise en équilibre avec sa culture et les collaborateurs qui la composent.
Quel est le sacrifice le plus important que vous avez dû faire pour vivre votre métier à l'étranger ?
Le plus grand sacrifice, c'est de s'éloigner de sa famille et de son environnement d'origine. L'expatriation, c'est aussi accepter une autre vie sociale, d'autres repères culturels et gastronomiques. Mais cette expérience, bien que parfois exigeante, est profondément enrichissante.
Pourquoi le savoir-faire mauricien s'exporte-t-il aussi bien ?
Notre force, c'est notre culture de l'hospitalité et de la diversité, qui se traduit par le sens du partage et le respect d'autrui. Être bilingue et avoir une force d'adaptation nous aide à évoluer dans n'importe quel environnement. Le Mauricien a ce naturel chaleureux mais discret, couplé au professionnalisme et à une envie sincère de bien faire. C'est ce mélange d'authenticité et d'engagement qui fait rayonner notre savoir-faire à l'étranger.
Reviendrez-vous partager votre expérience au pays ?
L'expertise mauricienne est très sollicitée à l'international. En bon patriote, je serais heureux, le moment venu, de partager mon expérience internationale et de contribuer au développement et au rayonnement du tourisme mauricien.
Quelle a été votre plus grande satisfaction professionnelle ?
Sans hésiter, voir mes collaborateurs grandir. J'ai eu la chance d'accompagner des talents qui ont gravi les échelons : un valet devenu Duty Manager, un responsable d'hébergement devenu Resort Manager… Ces réussites humaines sont ma plus grande fierté. Et puis, il y a la reconnaissance des clients : quand ils repartent émus, touchés par notre accueil et par la découverte de notre culture, c'est une vraie récompense. On ne crée pas seulement des séjours, mais des souvenirs mémorables.
Quel regard portez-vous sur l'industrie touristique mauricienne ?
L'île Maurice a encore un fort potentiel de croissance. Nous devons repenser notre ouverture aérienne différemment, valoriser davantage notre patrimoine culturel et gastronomique, et investir dans un tourisme plus durable. J'ai pu observer que d'autres destinations, comme les Maldives ou Zanzibar, ont su évoluer rapidement en travaillant main dans la main avec les compagnies aériennes internationales et les grandes chaînes hôtelières. Nous avons tout pour réussir, à condition de mieux structurer notre stratégie et de repenser l'emploi et la formation pour pallier la pénurie de main-d'œuvre.
Si vous deviez choisir un slogan pour l'île Maurice ?
« L'île Maurice… plus qu'une île, une rencontre. » Parce que ce qui rend notre île unique, ce sont les liens humains que nous créons avec ceux qui la découvrent.
Une bonne idée que l'on pourrait appliquer au monde du travail mauricien que vous avez retenue lors de votre expatriation ?
Ce que j'apprécie beaucoup lorsque je travaille à l'étranger, c'est cette culture du partage au travail. On travaille dur, mais on prend aussi le temps de célébrer ensemble, de se retrouver entre collègues. Ces moments renforcent la cohésion et le sentiment d'appartenance. Encourager ces échanges informels et ces instants de convivialité à Maurice aiderait, selon moi, à créer des équipes plus soudées et plus épanouies, et donc plus performantes.
Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui est intéressé par les métiers du tourisme ?
Le tourisme, c'est avant tout une aventure humaine. On y apprend vite, on touche à tout, et chaque jour est différent. Je conseillerais à un jeune de vivre ce métier comme une passion : d'être curieux, ouvert, et de toujours chercher à apprendre. Croire en soi, rester humble et saisir chaque expérience comme une opportunité de grandir. Ce secteur regorge de possibilités, à Maurice comme à l'étranger.
Quel est votre but professionnel ultime ?
Apporter de la valeur à tous les niveaux : à l'entreprise, aux collaborateurs et aux clients. Je souhaite bâtir des environnements de travail sains et motivants, où chacun se sent reconnu et inspiré. Et surtout, faire en sorte que chaque client reparte avec le sentiment d'avoir vécu quelque chose d'unique et être le garant du bien-être de mes équipes. C'est cette recherche d'excellence qui me guide chaque jour.
Qu'est-ce qui vous manque le plus de l'île Maurice ?
Les moments passés en famille, les rires entre amis, et bien sûr… la cuisine mauricienne ! Rien ne vaut un bon rougail poisson salé, un briani ou une paire de dholl puri « chaud chaud » comme on dit. Ce sont ces saveurs et ces moments qui me rappellent d'où je viens.
Auriez-vous pu atteindre votre plein potentiel si vous étiez resté à Maurice ?
Maurice m'a offert des fondations solides, mais partir à l'étranger a été un véritable tournant. L'expatriation m'a poussé à sortir de ma zone de confort, à affronter d'autres réalités et à développer des compétences que je n'aurais peut-être pas explorées autrement. Je crois que c'est la combinaison de mes racines mauriciennes et de mon ouverture internationale qui m'a permis de donner le meilleur de moi-même.
Quel est le mot ou la phrase mauricienne qui vous fait garder le moral ?
« Manze r li, Joe ! » Cette phrase pleine d'humour, typiquement mauricienne, me rappelle qu'il faut savoir garder le sourire et prendre la vie du bon côté, et ce, peu importe les défis…