Le taux de réussite parle de lui-même : 16,4%. Air Mauritius n'a retenu que douze candidats sur les 73 qui s'étaient présentés au concours de sélection pour intégrer ses rangs en qualité de « First Officer » sur ATR72. Un écrémage sévère qui illustre les exigences de la compagnie nationale mauricienne en matière de recrutement.
Un processus externalisé pour éviter le favoritisme
Consciente des critiques de favoritisme essuyées par le passé, Air Mauritius a confié cette mission délicate à Interpersonal GmbH, filiale de Lufthansa Technik spécialisée dans l'évaluation et le recrutement de personnel navigant. « Air Mauritius a voulu s'assurer que les complaisances locales ne compromettent pas les exigences de la compagnie en matière de sécurité opérationnelle », précise le communiqué officiel.
Cette agence allemande, qui compte parmi ses références Emirates, Lufthansa, Condor ou encore Airbus, a mené l'intégralité du processus de manière indépendante, selon les pratiques les plus rigoureuses de l'industrie aéronautique.
Trois étapes de sélection impitoyables
Le parcours du combattant s'est articulé autour de trois phases distinctes. La première, une évaluation psychométrique en ligne menée par des professionnels de l'aviation, a permis de filtrer 51 candidats. Un postulant a été écarté pour non-divulgation d'un incident opérationnel, tandis que deux autres se sont retirés volontairement.
Les 48 candidats restants ont ensuite été soumis à une évaluation en simulateur de vol, précédée d'un briefing d'une heure et d'une période d'acclimatation de quinze minutes. L'exercice visait à mesurer leurs aptitudes fondamentales au pilotage plutôt que leur maîtrise technique d'un appareil spécifique. Seuls dix-huit d'entre eux ont franchi cette étape.
La phase finale a consisté en des exercices de team-building et des entretiens individuels encadrés par des psychologues experts de l'aviation commerciale, assistés d'un examinateur agréé de Lufthansa. Les résultats ont été compilés selon la méthode « STA-9 », une référence européenne pour les évaluations psychométriques.
Des profils variés pour un objectif commun
Les douze heureux élus présentent des profils contrastés. Si le plus expérimenté totalise 2 150 heures de vol, le moins aguerri n'en compte que 200. « Il a néanmoins fait preuve de compétences techniques et a réussi ses tests cognitifs et comportementaux », souligne Air Mauritius.
Ces nouveaux pilotes entameront leur carrière à bord des ATR72 de la compagnie avant de progresser vers de plus gros porteurs. Quant aux candidats malheureux, ils pourront retenter leur chance après une période de « cooling-off » de 18 mois, conformément aux pratiques de nombreuses compagnies aériennes.
Une stratégie à long terme
Ce Programme de Développement des Pilotes de Maurice (MPDP 2025) s'inscrit dans une démarche stratégique visant à anticiper les besoins futurs en équipages liés à la croissance des opérations d'Air Mauritius. L'objectif initial était de recruter 28 pilotes, mais la compagnie a privilégié la qualité à la quantité.
« L'écrémage pratiqué par Interpersonal GmbH offre à la compagnie d'aviation une garantie de sélection orientée sur la qualité des candidats retenus plutôt que sur le nombre de postes à pourvoir », conclut le communiqué. Une philosophie qui devrait rassurer les passagers sur les standards de sécurité de la compagnie mauricienne.