L'histoire commence dans les années 1950, quand des étudiants mauriciens découvrent les vignobles de Saint-Émilion. "On a une jolie histoire d'amour avec Maurice. Dans les années 50, on a des amis mauriciens qui sont venus nous aider à faire les vendanges, qui étaient étudiants à Bordeaux à l'époque", raconte Alice Bardet, héritière d'une lignée de vignerons passionnés. Cette amitié née dans les rangs de vignes s'est muée en tradition : "Ça a perpétué, le dernier Mauricien qui est venu faire les vendanges avec nous, c'était en 2021."
Alice Bardet en compagnie du couple, Anaïs Weber et Jonathan Baumgartner,venu découvrir ce menu d'exception.
L'âme mauricienne du Val d'Or
Si Alice Bardet devait choisir un vin pour symboliser Maurice, son cœur balance vers une évidence familiale. "Je pense que ce serait Val d'Or par... Il est sur l'île depuis... Ça fait très longtemps que Val d'Or... 30 ans ? Je pense plus", explique-t-elle avec émotion. Ce Saint-Émilion tient une place particulière : "Comme c'est mon grand-père qui nous a fait découvrir l'île et qui a introduit Val d'Or sur l'île, ça représente bien."
Au-delà de l'affect, les qualités intrinsèques du Val d'Or épousent parfaitement le climat tropical : "C'est un vin qui est très frais. Comme c'est sur un terrain de Grave au sud de Saint-Émilion, ça apporte un côté très digeste avec beaucoup de fraîcheur, beaucoup d'acidité, donc sur un climat qui est assez chaud, comme on peut retrouver à Maurice."
Le chef Munoruth avec quelques uns des convives à la table de la famille Oxenham
Une dégustation d'exception
La soirée mauricienne dévoile quatre cuvées d'exception, orchestrées par Alice Bardet selon une progression savamment étudiée. L'ouverture revient à la Soeurette, "un Saint-Émilion assez facile à boire, léger, fruité" selon ses propres mots. "J'ai voulu un peu casser les codes avec la Soeurette. C'est un vin très fruité, beaucoup sur les fruits rouges, qui se boit assez frais, sur des températures comme à l'île Maurice, ça fonctionne très bien."
Le Lideyre, un Côtes de Castillon, prend ensuite le relais avec "une technique de macération qui est assez douce, pour éviter d'avoir des tannins qui soient trop forts. On veut vraiment avoir ce côté très digeste."
Le chef Munoruth et Ashik, responsable F&B ont délivré une partition parfaite lors de cette soirée.
L'apothéose arrive avec le Château du Paradis, véritable joyau de la maison : "C'est notre petite pépite de la maison, sur un superbe terroir au sud de Saint-Émilion. Comme c'est un terroir qui est assez exceptionnel, on a décidé de faire une vinification intégrale, donc une façon assez artisanale de faire du vin. Tout est fait dans la barrique, donc ça apporte beaucoup d'élégance, beaucoup de longueur, beaucoup de soyeux.". Deux rhums d’exception, dont de Rhum Bougainville, VSOP d’Oxenham ont conclu cette soirée hors normes.
Le pari du sans sulfite
Alice Bardet, qui profite de sa présence à Maurice pour visiter quelques belles adresses mauriciennes avec son partenaire de toujours, la Maison Oxenham, cultive une spécificité rare dans l'univers bordelais : "Ça c'est vraiment ce qu'on a développé depuis 2012 maintenant à la maison. Donc on est parti sur cette itinéraire technique sans sulfite ajouté à fond. On y croit beaucoup et on a la chance de pouvoir le faire grâce à notre viticulture."
Cette approche naturelle trouve sa résonance parfaite dans le menu élaboré pour la soirée mauricienne : du mini toast au fromage brie aux croustillants de calamar, en passant par la terrine de poulet fumée et le magret de canard aux figues, chaque mets révèle la pureté aromatique de ces vins d'exception.
Entre tradition familiale et innovation œnologique, Alice Bardet tisse ainsi les fils d'une histoire où Saint-Émilion et Maurice ne font plus qu'un, dans l'harmonie parfaite d'un art de vivre à la française teinté de douceur tropicale.