Le temps s'abolit dans la contemplation. Au Hennessy Park Hotel, l'exposition « Cycles des créations » de Khalid Nazroo, inaugurée ce mercredi 10 décembre, offre une plongée vertigineuse dans l'univers d'un créateur qui a su préserver, au fil des décennies, cette curiosité première qui animait le jeune homme de dix-huit ans qu'il fut en 1972. Aujourd'hui âgé de soixante-douze ans, l'artiste réunit vingt-cinq œuvres qui jalonnent son parcours, de ses débuts mauriciens à son départ pour les Beaux-Arts de Paris en 1974, jusqu'aux créations les plus récentes.

Organisée par la galerie Imaaya, avec laquelle Khalid Nazroo entretient une collaboration fidèle depuis de nombreuses années – il s'agit de leur huitième exposition commune –, cette rétrospective révèle la cohérence profonde d'une démarche artistique résolument tournée vers l'expérimentation. L'artiste n'a jamais cessé d'explorer de nouveaux territoires plastiques, comme en témoigne la diversité des techniques présentées sur l'Art Wall du Hennessy : monotypes, photoprints, techniques mixtes sur toiles, pastels et cire à l'eau se côtoient dans une harmonie chromatique qui constitue le fil rouge de son œuvre.

La présence d'un grand tondo sur toile et d'un tondo monotype sur papier illustre cette recherche formelle constante. Car si Khalid Nazroo convoque ses premières œuvres de 1972 et 1974, ce n'est point par nostalgie, mais pour mieux souligner la permanence d'une vision artistique fondée sur la couleur et l'exploration des matières. « Je me retrouve parfaitement avec deux autres œuvres de 1974, l'année de mon départ pour des études aux Beaux-Arts de Paris », confie l'artiste, suggérant que ce long trajet de plus de cinquante-trois ans forme désormais une boucle presque bouclée.

Dans l'atmosphère inspirante et contemplative du lieu, le visiteur découvre comment un jeune créateur mauricien est devenu, au gré des années parisiennes et du retour aux sources insulaires, un artiste accompli dont la palette n'a rien perdu de sa vitalité première. L'exposition, ouverte et gratuite jusqu'au 10 janvier 2026, invite à méditer sur la continuité d'un geste créateur qui défie le passage du temps.