Sur le littoral emblématique de Flic-en-Flac, face aux eaux turquoise de l'ouest mauricien, l'histoire vient d'écrire un nouveau chapitre. Quarante-trois ans après son lancement, la Pirogue Marlin World Cup fait son grand retour, portée par la détermination conjointe de François Eynaud, CEO de Sunlife, et de Clency Romeo, directeur général de l'établissement mythique. Dans un discours vibrant d'émotion et de références historiques, ce dernier a rendu hommage aux pionniers d'une compétition qui a marqué de son empreinte l'univers de la pêche sportive dans l'océan Indien.
Les organisateurs et principaux sponsors lors du Captain's briefing, hier à La Pirogue
Un rêve né devant un trophée d'exception
« Il y a un an et demi, Clency et moi, nous avons fait un rêve », a confié François Eynaud lors de la cérémonie d'ouverture. Un rêve cristallisé autour d'un objet d'exception : le trophée de la Marlin World Cup, réalisé par la maison Garrard de Londres, créateur des trophées d'Ascot, de Wimbledon et de l'America's Cup depuis le XVIIIe siècle. « À chaque fois que je passais dans le bureau de Clency, je voyais ce trophée. J'ai toujours été impressionné », a poursuivi le CEO, expliquant comment cette fascination s'est muée en projet concret de relance.
Mais pas question de se contenter d'une simple résurrection nostalgique. « Nous devons refaire cela, mais en modernisant le tournoi », a martelé François Eynaud. Car si la pêche a évolué, l'ambition demeure intacte : faire de cet événement un rendez-vous annuel inscrit au calendrier des grandes manifestations mauriciennes, une véritable institution comme elle le fut entre 1982 et 2012.
Clency Romeo, GM de La Pirogue
Un héritage forgé dans les eaux mauriciennes
C'est en 1982 que Joe Kengens, alors directeur général de La Pirogue, lançait ce qui allait devenir bien plus qu'un simple tournoi de pêche. « Ce n'a pas été seulement un tournoi, mais une déclaration de passion, de compétence, de camaraderie et de ce mystérieux appel du large », a déclaré Clency Romeo devant un parterre de pêcheurs, sponsors et passionnés réunis pour l'occasion. Dans la salle, Dylan Slome, fils d'Andrew Slome, l'un des organisateurs historiques de l'événement, incarnait la transmission générationnelle de cette passion.
Le directeur général n'a pas manqué de saluer la mémoire des figures tutélaires qui ont façonné l'ADN de cette compétition : Christian Antoine, Jean-Pierre Henry, Maurice de Spéville e, et le regretté photographe Joseph Foy. Autant de noms qui résonnent encore dans la communauté mauricienne de la pêche au gros. Au fil des décennies, l'événement a accueilli jusqu'à quarante équipes et près de deux cents pêcheurs venus d'Europe, d'Afrique et des îles de l'océan Indien, tous attirés par le défi du marlin et la réputation d'excellence sportive de La Pirogue.
La pêche au gros, vecteur de rayonnement touristique
François Eynaud a rappelé le rôle historique de la pêche au marlin dans la construction de la réputation touristique de Maurice. « À l'époque, de nombreuses célébrités venaient pêcher à Maurice et cela faisait partie de la promotion du tourisme mauricien », a-t-il souligné, établissant un parallèle avec d'autres disciplines emblématiques de l'île. « Comme le surf l'a fait également dans les années 60 et 70 à Tamarin, comme le kitesurf aujourd'hui, et le golf. Toutes ces activités contribuent à promouvoir le tourisme à Maurice et la visibilité de l'île. »
Cette vision stratégique s'inscrit dans la volonté de Sun Resorts de redonner à La Pirogue son statut de haut lieu de la pêche sportive internationale. « Nous sommes déterminés à faire grandir ce tournoi et à en faire à nouveau un rendez-vous annuel », a affirmé le CEO, insistant sur la dimension pérenne du projet. Car cette compétition, précise-t-il, « relie véritablement les communautés locales, les invités internationaux et les professionnels ».
Une rigueur alignée sur les standards internationaux
Dès ses premières années, la Marlin World Cup s'est distinguée par son respect scrupuleux des standards de l'International Game Fish Association. Classes de lignes, longueur des bas de ligne, protocoles de marquage et de relâche : rien n'a été laissé au hasard. « Nos pêcheurs savent que la réussite ici ne tient pas seulement à la puissance, mais à la précision, au travail d'équipe et au respect des règles qui protègent le sport que nous aimons », a souligné Clency Romeo. Un professionnalisme qui a bâti la réputation intercontinentale du tournoi et qui demeure aujourd'hui le socle de sa renaissance.
Cette exigence de rigueur s'accompagne désormais d'une conscience écologique accrue. Le format renouvelé place la capture-relâche au cœur de l'éthique compétitive, garantissant la préservation des marlins dans l'écosystème mauricien. Un virage stratégique qui répond aux impératifs contemporains de conservation marine tout en perpétuant l'esprit sportif originel.
Un tournoi qui redonne à la communauté
La renaissance de la Marlin World Cup ne se limite pas à la dimension sportive. Une partie des frais d'inscription sera dédiée à des causes locales porteuses de sens : SOS Village de Bambous, l'association Enfant Nature, et l'équipe des Western Rugby Kids. « La véritable grandeur ne se mesure pas seulement à ce que nous ramenons de la mer, mais aussi à ce que nous sommes capables de redonner à terre », a insisté Clency Romeo.
Cette philosophie humaniste reflète la vision portée conjointement par François Eynaud et son directeur général, soutenus par Joëlle Edward Tonks, directrice des opérations. Le tournoi peut également compter sur l'engagement total de Frederic Camoin, président du Le Morne Anglers Club. « Il s'agit d'un partenariat, et il redémarre entre Sun Resorts La Pirogue et le Le Morne Anglers Club », a précisé François Eynaud, saluant au passage les membres historiques de l'organisation comme Moana et Jean-Pierre, présents dès les premières éditions.
Le CEO a également tenu à remercier les sponsors prestigieux, dont Infinity Factor (sponsor platine) et RenewWorld (sponsor or), sans lesquels cette renaissance n'aurait pu voir le jour.
Une légitimité conquise face à la FIFA
L'anecdote racontée par Clency Romeo illustre la détermination qui a présidé à cette renaissance. Lors de l'enregistrement de la marque « La Pirogue Marlin World Cup », la FIFA s'est opposée à l'utilisation du terme « World Cup », privilège qu'elle estimait exclusif au football. « Nous nous sommes demandé si notre marlin avait, par mégarde, attrapé un ballon de football », a plaisanté le directeur général. Après des échanges courtois, l'instance footballistique a finalement accepté que la compétition conserve son appellation historique, reconnaissant que cette World Cup avait « gagné sa place, son nom et son héritage sur l'eau, et non sur le gazon ».
Aujourd'hui officiellement approuvée et pleinement autorisée, la Marlin World Cup de La Pirogue entame un nouveau chapitre de son histoire. Aux skippers, équipages et pêcheurs venus honorer cette tradition, Clency Romeo a lancé une invitation solennelle : « Vous vous tenez là où de grandes histoires ont été écrites, où des records ont été battus, où des légendes sont nées. Ensemble, écrivons le prochain chapitre d'une compétition qui n'appartient pas seulement à La Pirogue, ni seulement à Maurice, mais au monde de la pêche sportive internationale. »
François Eynaud, percevant l'énergie qui se dégageait de la salle lors de la cérémonie d'ouverture, n'a exprimé aucun doute quant au succès de cette renaissance : « Je souhaite à tous les participants bonne chance et des souvenirs intemporels dans une atmosphère conviviale. L'ambiance sera extraordinaire pendant ce tournoi. »
Dans les eaux chaudes de l'océan Indien, le marlin peut de nouveau frayer avec la légende.