L'attente aura duré plusieurs semaines. Megh Pillay, figure respectée de l'économie mauricienne, prend officiellement les rênes d'Airport Holdings Ltd (AHL), ce géant public qui chapeaute une vingtaine de filiales, dont la compagnie nationale Air Mauritius et l'exploitant des aéroports de l'archipel.
Validée dès le 5 septembre par le Conseil des ministres, sa nomination avait été retardée par des considérations administratives. Selon nos sources gouvernementales, cette formalité désormais réglée ouvre la voie à une nouvelle ère pour ce groupe considéré comme vital pour la connectivité internationale de Maurice.
Un homme d'expérience face à l'urgence
À soixante ans passés, Megh Pillay n'est pas un inconnu dans les cercles dirigeants de l'île. Cet ancien cadre d'Air Mauritius avait déjà sauvé la compagnie d'une première déconfiture entre 2003 et 2005, avant de prendre les commandes de plusieurs entreprises publiques stratégiques : State Trading Corporation, Mauritius Telecom, Agricultural Marketing Board.
Partout, il a laissé l'image d'un gestionnaire rigoureux, capable d'imposer les réformes structurelles nécessaires tout en maintenant un cap politique acceptable. Une réputation qui tombe à point nommé pour AHL, dont les finances se sont considérablement dégradées ces dernières années.
La compagnie aérienne nationale, fleuron du groupe, traverse en effet une phase particulièrement délicate. Endettement critique, routes déficitaires, concurrence accrue des compagnies du Golfe : les défis s'accumulent pour cette entreprise autrefois symbole du rayonnement mauricien dans l'océan Indien.
Une stratégie de transformation en vue
L'arrivée de Pillay s'inscrit dans une vision plus large de modernisation du secteur public mauricien. Le gouvernement souhaite encourager les partenariats public-privé et l'ouverture aux alliances internationales, tout en préservant la souveraineté nationale sur ces actifs stratégiques.
Cette approche pragmatique devrait permettre à AHL d'accéder aux capitaux et à l'expertise technique nécessaires à sa transformation, sans pour autant brader le contrôle de ces infrastructures cruciales pour l'économie insulaire.
Le nouveau président exécutif hérite également d'un défi organisationnel : la Direction travaille actuellement à séparer les fonctions de président et de directeur général, conformément aux standards internationaux de gouvernance d'entreprise. Une réforme qui devra attendre la stabilisation du groupe pour être pleinement mise en œuvre.
Dans les couloirs du ministère des Finances, on se montre confiant. L'expérience de Megh Pillay et sa connaissance intime du dossier aérien mauricien sont perçues comme des atouts décisifs pour cette mission de sauvetage. Reste à savoir si l'homme saura une nouvelle fois réussir le pari du redressement, dans un contexte international plus complexe qu'il y a vingt ans.