La tradition perdure. Depuis 1987, la Commission diocésaine de la Pastorale du tourisme convie chaque année les acteurs de ce secteur stratégique à une célébration eucharistique. Jeudi 2 octobre, c'est dans le cadre prestigieux de l'hôtel Long Beach, à Belle-Mare, que professionnels, responsables et fidèles se sont retrouvés pour cette messe placée sous le signe du Jubilé.
Un héritage à honorer
Dans son homélie, le père Georgy Kenny, nouvellement nommé aumônier de la commission, a tenu à rendre hommage aux pionniers qui, depuis l'indépendance, ont fait du tourisme l'un des piliers de l'économie mauricienne. « Par leur courage, leur créativité et leur audace, ils ont inscrit Maurice sur la carte mondiale et créé des milliers d'emplois », a rappelé le prêtre, soulignant que cette industrie avait permis de révéler au monde les richesses culturelles et religieuses de l'archipel.
L'Église catholique n'est pas restée en marge de ce développement. Dès 1987, elle créait sa Commission diocésaine, avant que Mgr Jean Margéot ne publie, en 1991, une lettre pastorale prémonitoire intitulée Le tourisme, une chance à ne pas perdre.
Les cicatrices de la pandémie
Évoquant la crise sanitaire qui a brutalement interrompu l'activité touristique, le père Kenny a salué la résilience dont le secteur a fait preuve. Si la reprise suscite aujourd'hui des motifs de satisfaction, elle impose également, selon lui, de repenser les fondements d'un tourisme durable et humain.
Au cœur de sa réflexion figure la question du personnel étranger. Quelque 2 000 travailleurs venus d'ailleurs exercent désormais dans l'hôtellerie mauricienne. « Leur présence constitue une richesse. Il nous appartient de les accueillir avec respect et de valoriser leur contribution », a insisté l'aumônier, rappelant l'enseignement de Jean-Paul II pour qui travailler signifie d'abord « travailler avec et pour les autres ».
L'impératif écologique
La dimension environnementale n'a pas été oubliée. Le père Kenny a salué les initiatives de plusieurs groupes hôteliers en matière de développement durable – réduction de la consommation énergétique, recours aux produits locaux, gestion optimisée des déchets. Mais il a également réactivé l'avertissement lancé dès 2011 par Mgr Maurice Piat dans sa lettre pastorale Développer un nouvel art de vivre écologique. « Le patrimoine naturel constitue le cœur de notre industrie touristique. Le dégrader reviendrait à fragiliser notre avenir », a-t-il martelé.
Préserver l'âme mauricienne
« Le touriste ne vient pas seulement pour les plages, mais pour rencontrer un peuple et une culture », a rappelé le prêtre, mettant en garde contre la montée de la violence qui menace l'image d'hospitalité de l'île. La formation des jeunes générations apparaît dès lors cruciale pour pérenniser la qualité de l'accueil mauricien, même si certains talents choisissent de s'expatrier.
Le père Kenny a également salué le projet « Partaz Kiltir Moris », porté par la Commission diocésaine, qui favorise la création de micro-entreprises locales et encourage les rencontres authentiques entre résidents et visiteurs. « Le tourisme doit être un lieu d'intégration sociale, une occasion de partager notre culture et notre vivre-ensemble », a-t-il plaidé.
Concluant son propos, l'aumônier a lancé un appel solennel : « Que nos actions reflètent nos valeurs de solidarité et de bienveillance. Que chaque rencontre avec le visiteur devienne une occasion de témoigner de notre humanité. » Car bâtir un tourisme respectueux de l'homme, de la nature et du Créateur, c'est, selon lui, demeurer fidèle à cet « ADN mauricien » qu'est l'accueil.