L’île Maurice franchit une nouvelle étape dans sa stratégie touristique avec l'introduction d'une taxe de séjour de 3 euros par nuit et par personne, effective dès le 1er octobre. Cette mesure fiscale, portée par la Mauritius Revenue Authority, s'inscrit dans une volonté gouvernementale de concilier attractivité touristique et développement durable.
Un secteur en mutation organisationnelle
L'exercice d'enregistrement lancé par la MRA révèle l'ampleur du défi logistique. Si 110 hôtels, 929 résidences touristiques, 200 maisons d'hôtes et 2 domaines figurent déjà dans les registres officiels de la Tourism Authority, des milliers d'établissements évoluent encore dans l'économie informelle. Ces derniers disposent jusqu'au 25 septembre pour régulariser leur situation, condition sine qua non à leur participation au dispositif fiscal.
Cette formalisation forcée du secteur pourrait constituer un tournant pour l'économie touristique mauricienne, traditionnellement marquée par une dualité entre structures officielles et hébergements non déclarés.
Des recettes substantielles attendues
Avec des projections dépassant Rs 1,7 milliard, cette taxe représente un levier financier non négligeable pour les autorités. Ces ressources, officiellement dédiées à la promotion d'un tourisme durable, interviennent dans un contexte où l'île cherche à préserver ses atouts environnementaux face à une fréquentation croissante.
Le dispositif prévoit plusieurs exemptions stratégiques : résidents mauriciens, membres de la diaspora détenteurs d'un passeport local, titulaires de permis de résidence ou de Premium Visa, ainsi que les enfants de moins de 12 ans. L'île sœur de Rodrigues demeure également exemptée, préservant sa compétitivité spécifique.
Un contrôle renforcé
La MRA impose aux gestionnaires d'hébergement un reporting mensuel détaillé, incluant le nombre de touristes accueillis et les montants collectés, versés en euros. L'arsenal répressif prévu témoigne de la détermination des autorités : pénalités pouvant atteindre 10% du montant dû, intérêts mensuels, amendes jusqu'à 500 000 roupies, sans exclure des sanctions pénales.
Cette nouvelle donne fiscale s'ajoute aux défis économiques que traverse Maurice, entre inflation persistante et nécessité de diversification économique. Le secteur touristique, pilier de l'économie insulaire, devra démontrer sa capacité d'adaptation à cette contrainte supplémentaire tout en maintenant son attractivité sur un marché international concurrentiel.