“Karay Mario” referme les portes de sa table mauricienne

Une page se tourne dans le paysage gastronomique de l'île Maurice. Mario de l’Estrac, figure tutélaire de Karay Mario, s'apprête à ranger définitivement son chapeau, cet accessoire devenu au fil des ans l'emblème de sa générosité et de son dévouement sans faille. Pendant sept années, cet homme au grand cœur aura incarné l'esprit même de la cuisine mauricienne : celle qui se transmet de génération en génération, celle qui réunit autour d'une même table les familles et les étrangers, celle qui fait du partage une philosophie de vie.

Derrière ce restaurant se cache un parcours exceptionnel. Mario, c'est d'abord quarante-trois années d'expérience dans le secteur hôtelier mauricien, une carrière débutée modestement derrière les fourneaux pour s'achever au sommet, comme Island Manager de l'Île des Deux Cocos, ce joyau insulaire prisé des voyageurs en quête d'exclusivité. Cet homme qui déborde d'histoires et d'anecdotes vécues a traversé toutes les strates de l'industrie, accumulant au passage une connaissance intime de l'hospitalité et de la gastronomie créoles.

Fervent admirateur et amoureux inconditionnel de la cuisine créole mauricienne, Mario a toujours nourri un rêve : posséder son propre restaurant où servir ces plats qui lui rappellent les « manze vie granmer », ces recettes de grand-mère qui portent en elles la mémoire gustative d'un peuple. Face à ces goûts et méthodes de cuisson ancestrales qui se perdent inexorablement au fil des années, emportés par la modernité et la standardisation, il ressentait l'urgence de préserver ce patrimoine. C'est ainsi que Karay Mario vit le jour, comme un acte de résistance gourmande et un hommage vibrant aux traditions culinaires de l'île.

Le chapeau de Mario restera gravé dans les mémoires. Symbole de son accueil chaleureux, il aura accompagné d'innombrables sourires, des plats mijotés avec amour et ces moments suspendus où le temps semblait s'arrêter autour d'une assiette fumante. Derrière chaque recette servie se cachait un fragment d'histoire familiale, un secret transmis, un geste ancestral perpétué avec respect et passion.

L'établissement, à Beau Vallon, demeurera ouvert jusqu'à la fin du mois de décembre, offrant ainsi à ses fidèles clients une ultime occasion de retrouver cette atmosphère si particulière qui faisait son âme. Une dernière chance de savourer ces plats authentiques qui ont fait la réputation de la maison, préparés dans cet esprit de générosité et d'hospitalité qui n'appartenait qu'à Mario. Et pour ceux qui souhaitent en découvrir davantage sur cet homme attachant, Mario se fera un plaisir de partager son parcours et ses anecdotes lors de leur visite.

La nouvelle a ému bien au-delà du cercle des habitués. Car Karay Mario, c'était avant tout une histoire humaine. Celle d'un homme qui a su créer un lieu où se sont tissés des liens, où se sont forgés des souvenirs, où l'on venait non seulement pour se nourrir, mais pour se retrouver. Mauriciens de souche et visiteurs étrangers s'y côtoyaient dans une harmonie parfaite, réunis par l'amour d'une cuisine sincère et généreuse.

Au fil de ces sept années, combien de familles se sont rassemblées autour de ses tables ? Combien de voyageurs ont découvert, à travers ses plats, l'essence même de l'âme mauricienne ? Le restaurant aura été ce trait d'union entre les générations, ce pont jeté entre tradition et modernité, offrant à chacun un morceau authentique de l'héritage culinaire de l'île.

Mario exprime aujourd'hui sa profonde gratitude envers tous ceux qui l'ont soutenu et accompagné dans cette aventure. À tous ceux qui ont poussé sa porte, partagé ses tables, apprécié ses recettes et fait vivre son rêve. Car ce restaurant n'aurait jamais été ce qu'il fut sans la fidélité de ses clients, sans leur confiance renouvelée, sans ces liens d'amitié qui se sont noués au-delà du simple rapport restaurateur-client.

Le chapeau est désormais posé, le cœur léger mais empli d'émotions. Sept années de passion, de travail acharné, de moments de joie et de complicité se referment en douceur. Mario salue une dernière fois, avec l'élégance qui le caractérise, tous ceux qui ont contribué à écrire cette belle histoire. Les souvenirs resteront, impérissables, témoins d'une époque où la cuisine était encore, avant tout, une affaire de cœur.