L'île Maurice franchit une étape décisive dans sa stratégie de repositionnement touristique avec l'adoption de mesures budgétaires audacieuses pour l'exercice 2025-26. Le Premier ministre Navin Ramgoolam a présenté un programme de modernisation qui conjugue innovation technologique et financement participatif, témoignant d'une vision résolument tournée vers l'avenir.
Une révolution numérique à l'aéroport de Plaisance
L'investissement phare de ce budget concerne la modernisation de l'aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam de Plaisance, avec l'installation de portiques électroniques (e-Gates) pour un montant de 900 millions de roupies mauriciennes. Cette initiative répond à une nécessité criante : fluidifier l'accueil des visiteurs dans un contexte de reprise post-pandémique du tourisme international.
Ces dispositifs automatisés promettent de révolutionner l'expérience d'arrivée des touristes en réduisant considérablement les temps d'attente aux contrôles d'immigration. Pour une destination qui accueille plus d'un million de visiteurs annuellement, cette modernisation constitue un investissement stratégique dans la compétitivité touristique de l'archipel.
La technologie des e-Gates, déjà déployée dans les grands hubs internationaux, permettra à Maurice de s'aligner sur les standards mondiaux d'efficacité aéroportuaire. Cette mesure s'inscrit dans une démarche plus large de digitalisation des services publics mauriciens, initiée ces dernières années.
Une taxe de séjour pour financer le développement durable
Parallèlement à ces investissements publics, le gouvernement introduit une taxe de séjour de 3 euros par nuit et par touriste dans les établissements d'hébergement désignés. Cette mesure, qui entrera en vigueur avec le nouveau budget, s'inspire des pratiques européennes en matière de fiscalité touristique.
Loin d'être une simple mesure fiscale, cette taxe répond à une logique de développement durable du secteur. Les recettes générées seront spécifiquement affectées au financement de projets d'amélioration de l'infrastructure touristique et à la préservation du patrimoine naturel et culturel mauricien.
Cette approche reflète une prise de conscience des enjeux environnementaux et patrimoniaux liés au tourisme de masse. En faisant contribuer directement les visiteurs au financement de la préservation des sites qu'ils viennent admirer, Maurice adopte un modèle de tourisme responsable de plus en plus prisé par les destinations insulaires.
Un équilibre entre compétitivité et durabilité
Ces mesures témoignent d'une approche équilibrée du développement touristique mauricien. D'un côté, l'investissement technologique vise à améliorer l'attractivité et la compétitivité de la destination face à une concurrence régionale accrue. De l'autre, la taxe de séjour s'inscrit dans une démarche de tourisme durable, garantissant que la croissance du secteur ne se fasse pas au détriment de l'environnement local.
Cette stratégie pourrait servir de modèle à d'autres destinations insulaires confrontées aux mêmes défis. En alliant modernisation technologique et financement participatif, Maurice démontre qu'il est possible de concilier développement économique et préservation environnementale.
Le succès de ces initiatives dépendra largement de leur mise en œuvre et de l'adhésion des acteurs du secteur touristique. Les premiers mois de l'année 2025 seront cruciaux pour mesurer l'impact de ces réformes sur l'attractivité de la destination mauricienne dans un marché touristique mondial en pleine mutation.
L'île Maurice confirme ainsi son ambition de rester une destination de référence dans l'océan Indien, en s'appuyant sur l'innovation et la durabilité comme piliers de son développement touristique futur.