Avec 25 342 visiteurs supplémentaires enregistrés sur les sept premiers mois de 2025, Maurice affiche une progression de 3,3% de ses arrivées touristiques par rapport à 2024. Si ces chiffres peuvent paraître modestes, ils masquent une réalité plus complexe que décrypte Sydney Pierre, ministre délégué au Tourisme. Après un premier trimestre « timide », l'île Maurice a vu ses performances s'accélérer, culminant avec une hausse de 10,2% en juillet. Plus significatif encore : les recettes touristiques bondissent de 25,9% en juin, portées par une stratégie axée sur la connectivité aérienne et l'innovation. Dans un marché océan Indien de plus en plus concurrentiel, le ministre mise sur une refonte structurelle du secteur, annonçant un « blueprint » ambitieux pour les décennies à venir. Une approche qui tranche avec les politiques de promotion traditionnelles, privilégiant l'attractivité globale à la seule stimulation de la demande.
Une reprise qui se confirme après un début d'année timide
Selon les données officielles rapportées par L'Express Maurice, l'île Maurice a enregistré une hausse notable de 10,2% des arrivées touristiques pour le seul mois de juillet 2025, avec 129 206 visiteurs contre 117 224 l'année précédente. Cette progression de 11 982 arrivées supplémentaires vient confirmer une tendance positive après un premier trimestre en demi-teinte.
« Si nous avons connu un premier trimestre timide, ces mêmes clients qui ne sont pas venus au premier trimestre se sont reportés sur le second », explique Sydney Pierre dans les colonnes du média mauricien. Le ministre souligne que cette redistribution temporelle, bien que révélatrice de changements dans les habitudes de voyage, s'accompagne d'une hausse des revenus touristiques.
Des marchés traditionnels en progression contrastée
L'analyse des principaux marchés émetteurs révèle des évolutions disparates pour la période janvier-juillet 2025. Le Royaume-Uni maintient sa position de leader avec 84 992 arrivées (+3,2%), suivi de près par La Réunion (84 383 arrivées, +4,0%) et l'Afrique du Sud (58 786 arrivées, +7,3%).
La progression la plus spectaculaire concerne le marché indien, qui bondit de 31,5% avec 44 559 arrivées contre 33 886 en 2024. L'Italie affiche également une croissance remarquable de 19,2%, portée par les nouveaux vols directs d'ITA Airways inaugurés en décembre dernier.
En revanche, deux marchés stratégiques marquent le pas : la France accuse un recul de 1,8% (179 528 arrivées) et l'Allemagne chute de 11,1% (61 062 arrivées). Toutefois, ces deux destinations se ressaisissent en juillet avec des progressions respectives de 4,1% et 13,9%.
Les vols directs, « dénominateur commun » du succès
Pour Sydney Pierre, la recette du développement touristique repose sur des fondamentaux clairs : « On développe un marché grâce à la connectivité aérienne directe, à l'instar de trois vols par semaine, et à la promotion de la compagnie aérienne, idéalement dans le pays de provenance. »
Le ministre cite l'exemple du marché chinois, encore modeste mais stratégique : « Bien que relativement petit pour Maurice, [il] permettrait de bénéficier de facto de la connectivité avec l'Asie du Sud-Est grâce au lien Maurice-Chine. » Une approche qui illustre la vision géopolitique du développement touristique mauricien.
Des revenus en forte hausse malgré les défis
Les chiffres de la Banque de Maurice confirment la bonne santé financière du secteur. Les recettes touristiques ont progressé de 25,9% en juin 2025, atteignant 6,956 milliards de roupies mauriciennes. Sur l'ensemble de la période janvier-juin, la progression s'élève à 6,8%, portant les revenus à 47,400 milliards de roupies.
Le taux d'occupation hôtelière témoigne également de cette vitalité : 75% pour août 2025 contre 70% l'année précédente, et 67% prévu pour septembre (+2 points). Des indicateurs que Sydney Pierre juge « significatifs » dans un contexte concurrentiel renforcé.
L'innovation au cœur de la stratégie future
Conscient des enjeux, le ministre délégué prône une approche globale : « L'objectif est non seulement de stimuler la demande, mais surtout de travailler sur l'attractivité globale de Maurice. » Cette stratégie passe par l'innovation, la diversification de l'offre et l'amélioration de l'expérience client.
« Il faut se méfier des analyses basées sur des pourcentages élevés provenant d'un faible échantillon et ne pas tirer de conclusions hâtives sans une bonne compréhension des chiffres, de l'industrie et de sa dynamique », met en garde le ministre, soulignant la complexité des mécanismes touristiques.
L'annonce d'un « blueprint de l'industrie touristique » en préparation laisse entrevoir une refonte structurelle ambitieuse, « posant ainsi les bases pour les décennies à venir ».
Dans un océan Indien où la concurrence s'intensifie entre Maurice, les Seychelles et la Réunion, l'île Maurice semble avoir trouvé sa voie : miser sur la connectivité et l'innovation plutôt que sur la seule promotion traditionnelle.
Source : L'Express Maurice (lexpress.mu)