Un constat environnemental alarmant
À 1,5 kilomètre au large de La Gaulette, l'île aux Bénitiers incarnait le paradoxe d'un Eden transformé en cauchemar écologique. Les chiffres de mars 2025 sont accablants : 242 opérateurs économiques, 171 structures illégales, et jusqu'à 4000 visiteurs quotidiens en haute saison sur ce territoire vulnérable de 65 hectares.
Pourtant, l'inventaire écologique de juin 2025 révèle des trésors insoupçonnés : 129 espèces végétales dont 16 endémiques, quatre d'entre elles classées "en danger critique" par l'UICN, notamment Phyllanthus revaughanii et Lycium mascarenense. L'île abrite les plus importantes populations mauriciennes de certaines espèces rarissimes. Onze espèces d'oiseaux cohabitent sur l'îlot, dont 66 courlis corlieux et huit pluviers de Leschenault observés hors saison migratoire, témoignant de l'importance du site comme zone de nourrissage.

Paul Bérenger, le Premier ministre adjoint, qui a présidé le comité ministériel
Une vision audacieuse : 140 arpents transformés en réserve
La Zone de plage (Beachfront Zone), d'une superficie de 3 arpents et 11 perches (13 132 m²), se veut un espace de contemplation et de détente minimalement aménagé. Dans un souci de préservation du littoral, aucune infrastructure ne sera autorisée dans les 15 mètres à partir de la laisse de haute mer. Entre 15 et 30 mètres de cette ligne, seules des structures légères, écologiques et démontables – transats et parasols en bois – seront tolérées. Cette zone accueillera les activités traditionnelles de bain de soleil et de pique-niques sur la plage, mais dans un cadre strictement encadré. Le plan interdit formellement le camping nocturne, les étals alimentaires, les équipements de cuisine, les mariages, les anniversaires, les services de restauration, ainsi que les réparations et l'entretien des bateaux et remorques (y compris les activités de peinture). Même les chaises, tables et parasols personnels sont proscrits, tout comme le fait de traîner du matériel de plage sur le sable.
La Zone de service (Service Zone), nettement plus vaste avec 6 arpents et 95 perches (29 333 m²), constitue le cœur névralgique des opérations commerciales et des équipements collectifs. C'est ici que se concentreront les activités génératrices de revenus pour les opérateurs locaux, mais selon des modalités rigoureusement codifiées. Dix emplacements pour des mini-stands de vente de fruits et de jus frais seront alloués, espacés de trois mètres les uns des autres pour éviter la concentration excessive. Les tuckshops destinés à la vente de produits artisanaux et d'artisanat devront présenter une empreinte au sol maximale de 9 m², une hauteur de 3 mètres, être espacés de 3 mètres et harmonieusement intégrés au paysage existant. Particularité notable : les colporteurs seront cantonnés à cette zone de service uniquement, les extensions de ces boutiques étant formellement interdites. Chaque structure devra intégrer un système solaire hors réseau pour son alimentation électrique, et les opérateurs devront détenir des licences valides délivrées par les autorités compétentes.
Quinze kiosques de barbecue, d'une empreinte maximale de 9 m² et d'une hauteur de 3 mètres, seront installés à au moins 1,5 mètre de toute végétation. Les activités de grillades devront s'effectuer dans un cadre de faible intensité et respectueux de l'environnement. Ces structures seront équipées de bacs à déchets, de dispositifs d'approvisionnement en eau et d'extincteurs. Un point crucial : les aliments, carburants, conteneurs de combustible, ustensiles de cuisine et déchets ne pourront être enfouis dans le sable, abandonnés sur la plage ou rejetés en mer. Toutes les structures seront construites en matériaux ligneux, à l'exception des parties en contact avec le béton lorsque nécessaire.
La zone de service comprendra également des espaces de restauration et de sièges adjacents aux kiosques de barbecue, meublés de tables, chaises et bancs en matériaux durables, le tout devant pouvoir être entreposé en sécurité dans des réserves en cas d'intempéries extrêmes. Un amphithéâtre sans plateformes bétonnées, agrémenté de bancs en bois et de rondins, offrira un espace pour les événements culturels et les spectacles – sous réserve toutefois d'un défrichage préalable autorisé par le Service Forestier et le NPCS, avec replantation d'espèces végétales indigènes.
 Les équipements sanitaires traduisent l'engagement écologique du plan : deux toilettes sèches supplémentaires viendront compléter l'existant, les déchets solides devant être acheminés vers des bacs de compostage mélangés à des copeaux de bois. Deux cabines de douche ou vestiaires, alimentées par des citernes d'eau pour les douches, seront mis à disposition. Des barils de récupération d'eau de pluie complèteront le dispositif. Un entretien régulier, des réparations, un nettoyage et une gestion appropriée des déchets solides seront assurés pour maintenir ces installations en état fonctionnel et sécuritaire. Une surveillance de la santé publique, des inspections sanitaires et des conseils sur les meilleures pratiques d'hygiène accompagneront ce dispositif. Les autorités compétentes devront élaborer un plan de gestion et d'action approprié concernant les déchets générés et leur élimination.
Les équipements sanitaires traduisent l'engagement écologique du plan : deux toilettes sèches supplémentaires viendront compléter l'existant, les déchets solides devant être acheminés vers des bacs de compostage mélangés à des copeaux de bois. Deux cabines de douche ou vestiaires, alimentées par des citernes d'eau pour les douches, seront mis à disposition. Des barils de récupération d'eau de pluie complèteront le dispositif. Un entretien régulier, des réparations, un nettoyage et une gestion appropriée des déchets solides seront assurés pour maintenir ces installations en état fonctionnel et sécuritaire. Une surveillance de la santé publique, des inspections sanitaires et des conseils sur les meilleures pratiques d'hygiène accompagneront ce dispositif. Les autorités compétentes devront élaborer un plan de gestion et d'action approprié concernant les déchets générés et leur élimination.
Enfin, un poste de sécurité, de billetterie et d'accueil des visiteurs centralisera l'information et le contrôle des flux.
La Zone Éco-Parc (Eco-Park Zone), d'une superficie de 5 arpents et 37 perches (22 682 m²), incarne la dimension pédagogique et contemplative du projet. Des gazebos, kiosques et bancs en bois amélioreront le confort des visiteurs dans un cadre naturel. Un étang marécageux (marsh pond) sera aménagé pour restaurer la biodiversité et les écosystèmes existants, flanqué d'un pont en bois et d'une replantation d'espèces indigènes. Un pont d'observation et des panneaux éducatifs alimentés par l'énergie solaire fourniront des informations sur la faune de l'îlot. Une aire de jeux en bois pour enfants complétera l'offre familiale. Enfin, une zone de compostage permettra d'entreposer les bacs de compost des toilettes sèches, bouclant ainsi le cycle écologique.
La Zone maritime (Sea-Based Zone) n'est pas oubliée. Une jetée flottante, conçue selon des principes éco-sensibles (matériaux Candock), assurera la connexion avec le point d'embarquement de La Gaulette. Une zone de natation et une zone de mouillage seront clairement délimitées, rationalisant l'usage des espaces aquatiques.

De g à dr : Sydney Pierre, Richard Duval, Shakeel Mohamed et Paul Bérenger
Des quotas drastiques et un phasage sur dix ans
Le dispositif de régulation repose sur des seuils stricts : 500-600 visiteurs par jour (600-800 en haute saison) et 70-75 opérateurs terrestres, appliqués via un système de réservation en ligne. Cette répartition préserve les moyens de subsistance locaux : 25 opérateurs alimentation/boissons, 38 artisans, 5 artistes culturels et 2 guides naturalistes.
La mise en œuvre s'échelonne sur trois phases. À court terme (0-2 ans) : infrastructures de base, kiosques, équipements sanitaires. À moyen terme (2-5 ans) : jetée flottante, zones marines délimitées, système de billetterie numérique. À long terme (5-10 ans) : amphithéâtre, éco-parc complet avec étang et aires éducatives.
Un organisme de gestion dédié, réunissant gouvernement, opérateurs locaux et communauté, supervisera l'application rigoureuse des directives environnementales avec révisions périodiques de la capacité d'accueil.
 Un modèle pour l'océan Indien
Un modèle pour l'océan Indien
Ce Master Plan ambitionne de démontrer qu'un modèle durable n'est pas une chimère mais une nécessité vitale pour les territoires insulaires. Les résultats escomptés : protection renforcée de l'écosystème, tourisme générateur de revenus tout en préservant l'environnement, nouvelles opportunités pour les communautés locales, et positionnement de Maurice comme référence internationale.
Dans un contexte mondial où le tourisme de masse menace de nombreux sites naturels d'exception, l'initiative mauricienne pourrait tracer une voie médiane entre conservation intégrale et exploitation anarchique. De l'archipel des Seychelles aux Maldives, nombreux sont ceux qui observeront avec attention cette expérience audacieuse de réconciliation entre l'homme et la nature sur ces confettis de l'océan Indien.