Une alchimie des aromates
Atita la voyageuse, Atita l'initiatrice, a posé ses mortiers de bronze sur les comptoirs de marbre. Dans ses mains expertes, la citronnelle devient harpe éolienne, le galanga révèle ses secrets de terre rouge, et les piments-oiseaux déploient leurs ailes de feu sur la langue des mortels. Car elle connaît, la cheffe aux gestes sûrs, l'art ancien de marier les contraires : le sucré et le salé dansent leurs noces éternelles, l'acide épouse l'amer en de savantes alliances, et le piquant vient couronner cette symphonie gustative d'un éclat de cuivre.
Regardez-la œuvrer dans ses cuisines d'un jour : elle pile, elle broie, elle mélange les aromates comme un prêtre mélange l'encens. Le som tam naît sous ses doigts agiles, salade de papaye verte aux accents de cithare, tandis que mijote le massaman, ce prince des currys aux épices cardinales, où la cardamome épouse la cannelle en de royales fiançailles.
La fusion des mondes
Et voici l'audace de cette créatrice des temps nouveaux : elle greffe sur l'arbre thaïlandais les fleurs du Japon. Le yuzu, ce citron des îles du Levant, vient parfumer d'un souffle nouveau les plats anciens, créant des harmonies inédites comme jamais l'oreille n'en avait ouï. Le sashimi se pare d'habits de miso blanc, la mangue verte dialogue avec le nam jim jeaw dans la langue universelle des saveurs. Et le pad thaï, ce roi des nouilles, reçoit l'onction du yuzu comme un empereur reçoit l'huile sainte, révélant des profondeurs insoupçonnées à qui sait l'entendre.
Dans cette fusion des mondes, l'umami japonais vient exhausser l'équilibre millénaire de la cuisine siamoise, créant des accords nouveaux comme jamais bouche d'homme n'en avait goûté.
Un écrin métamorphosé
Et le décor s'est fait complice de cette métamorphose : bois laqués aux reflets d'ambre, lumières tamisées comme l'aurore sur les rizières, arrangements floraux où se mêlent les parfums d'Asie. L'espace s'est fait temple, et chaque table devient autel où se célèbre le culte ancestral de la beauté gustative. Le service, instruit aux rites nouveaux, dépose chaque plat avec la gravité des officiants, révélant à chaque convive les mystères de cette cuisine transfigurée.
Que l'on ne s'y trompe point : cette aventure éphémère se mérite. L'offrande demandée – le prix du festin complet – témoigne de la noblesse de l'entreprise. Car ici, point de vaine complaisance, mais l'exigence du beau, la recherche de l'excellence, l'art de transformer l'aliment en épiphanie.
L'urgence de l'éphémère
Hâtez-vous, ô vous qui cherchez les rivages inconnus du goût ! Car septembre venu, les tentes seront pliées, les mortiers rangés, et Atita la magicienne reprendra ses chemins d'errance. Il ne restera plus alors que le souvenir de ces saveurs uniques, comme demeurent dans la mémoire des hommes les parfums des îles lointaines visitées en songe.
Cette expérience thaïlandaise au cœur du Labourdonnais Waterfront Hotel transcende la simple restauration pour devenir véritable odyssée sensorielle, où se mêlent les eaux du port et les épices d'Asie, où résonnent les échos d'une cuisine ancestrale magnifiée par l'art contemporain de la fusion.
Thai by Yuzu
Jusqu'aux derniers feux de septembre
Labourdonnais Waterfront Hotel, Port-Louis
Réservation conseillée
Tel : 2024929
restaurants@ninetysixhotels.com